JUDAS ISCARIOT: Enfin Réhabilité?

JUDAS ISCARIOT – RÉHABILITÉ?
Tony Pearce Tony Pearce
January 4, 2016

L’ « Evangile selon Judas », publié le 6 avril par la National Geographic Society, a attiré l’attention des médias dans le monde entier. Il était affirmé qu’il s’agissait d’une des découvertes archéologiques les plus importantes jamais faites. Cette traduction en copte d’un texte original en grec écrit aux alentours de 150 à 180 de l’ère commune a été découverte en Egypte dans les années 70. Elle a ensuite circulé de la boutique d’un antiquaire à celle d’un autre avant de se morfondre dans un coffre-fort à New York jusqu’à l’an 2000. Puis, dans un certain état de détérioration, elle a été envoyée à Rodolphe Kasser, l’un des plus grands experts
mondiaux de la langue copte.

Le texte, dont il manque plusieurs fragments, fait état d’une conversation supposée entre Jésus et Judas, trois jours avant la Pâque durant laquelle Jésus fut crucifié. Il s’accorde avec des idées déjà bien connues ayant eu cours au deuxième siècle de l’Ere chrétienne, idées auxquelles on a donné le nom de gnosticisme.

Le gnosticisme maintenait que le salut venait par la « gnose », mot grec signifiant « connaissance ». Il s’agissait de parvenir au statut d’initié aux secrets de l’univers. La gnose avançait l’idée d’un conflit entre le vrai Dieu et un Dieu maléfique qui, dans certaines formes d’enseignement gnostique, était identifié avec le Jéhovah de l’Ancien Testament. L’un des actes néfastes de ce mauvais Dieu avait été de créer le monde avec toutes les imperfections qu’il renfermait.

Selon le gnosticisme, le pur royaume spirituel était là où trônait le vrai Dieu, mais nul ne pouvait l’atteindre directement. Le problème était que nous vivions dans un monde mauvais et que nos corps, comme tout ce qui y était associé, étaient mauvais. Certains individus d’une nature spirituelle supérieure étaient à même d’échapper à l’influence mauvaise du corps et de découvrir l’étincelle de la divinité en eux. Le « Jésus » du gnosticisme jouait le rôle de rendre plus aisée cette découverte en révélant des connaissances secrètes aux élus.

C’est exactement l’idée exposée dans l’Evangile selon Judas. « Jésus » dit à Judas : « Viens, que je t’enseigne les secrets que jamais personne n’a connus ». Il rit également de la prière des autres disciples qui œuvrent pour « l’autre Dieu » tandis que Judas a atteint un niveau de spiritualité supérieur au leur. Jésus dit à Judas qu’il dépasserait tous les autres et qu’il sacrifierait celui qui le revêtait. Ainsi, Judas rendrait-il possible le retour de l’esprit de Jésus dans le royaume céleste.

Dans la gnose, seul l’esprit est sauvé et retourne au royaume céleste. Le corps est détruit et la résurrection des morts est dépourvue de tout aspect physique, contrairement à ce que les Apôtres ont enseigné (cf. 1 Corinthiens 15). Dans beaucoup d’enseignements gnostiques, Jésus n’apparaissait que comme un homme ; c’est ainsi qu’il est ici dépeint comme se languissant de quitter son enveloppe charnelle et de retourner à son état d’être spirituel, ce qui contredit l’enseignement du Nouveau Testament selon lequel Jésus était à la fois Dieu et homme.

A une époque comme la nôtre, où l’on n’a de cesse de chercher de nouvelles raisons de ne pas croire à l’Evangile tel qu’exposé dans le Nouveau Testament, il n’est pas surprenant de constater qu’une grande partie des médias se sont rués sur la nouvelle. Dans un article publié le 07/04/2006 dans le quotidien britannique à grand tirage The Daily Mail, intitulé « Saint Judas ? », il était dit : « Ce qu’il y a d’extraordinaire dans ce nouveau manuscrit, c’est que Judas y est réhabilité et ramené au rang des vrais disciples du Christ. Il explique également pour la première fois les agissements du traître et remet même en cause la doctrine de la résurrection qui est le fondement de la foi chrétienne ».

Elaine Pagels, l’auteur de l’ouvrage « The Gnostic Gospels » (Les Evangiles Gnostiques), a écrit dans le New York Times que la découverte de l’Evangile selon Judas et d’autres textes gnostiques apparentés « font voler en éclat le mythe d’une religion monolithique et démontrent à quel point le mouvement chrétien primitif était varié – et fascinant ».

Herb Krosnet, qui a signé « A Lost Gospel » (Un Evangile Perdu) affirme : « Judas est en fait le meilleur ami de Jésus. Judas est celui qui permet à Jésus d’accomplir sa mission, qui est de mourir et de libérer cette étincelle intérieure qui est en lui et en chacun de nous, laquelle est l’essence de la divinité. Et telle est l’idée majeure de ce document du
deuxième siècle, d’une portée rarissime, qui vient d’être révélé au monde ».

Toutes ces idées imprègnent aujourd’hui la culture populaire et font que beaucoup remettent en cause le message des Evangiles du Nouveau Testament. Les Evangiles gnostiques, rejetés pour leur caractère hérétique par l’église primitive, commencent à être connus du grand public, aidés en cela par le succès retentissant du « Da Vinci Code » qui leur a donné une impulsion gigantesque. Faire de Judas, le traître des Evangiles, un héros incompris, semble faire partie d’un processus qui comprend en général les éléments principaux suivants :
1. Les quatre Evangiles du Nouveau Testament n’étaient pas les seuls récits de la vie et des enseignements du Seigneur Jésus. D’autres « Evangiles », écrits postérieurement, sont tout aussi valides, mais l’autoritarisme de l’église a amené à les réprimer.

2. Jésus n’est pas le Fils de Dieu envoyé dans le monde pour racheter l’humanité en mourant sur la croix et en ressuscitant des morts, mais un docteur enseignant la vérité spirituelle.

3. Le problème auquel l’humanité doit faire face n’est pas le péché, c’est- à-dire la désobéissance aux commandements de Dieu, mais l’ignorance
de l’étincelle de divinité que chacun d’entre nous peut découvrir en lui.

4. Par conséquent, la solution aux problèmes humains n’est pas la repentance et la foi dans le sacrifice pour le péché accompli une fois pour toutes à la croix, mais l’illumination et la découverte de la connaissance secrète qui conduit notre divinité à l’état d’éveil.

Bien sûr, il n’y a absolument rien de neuf dans ces idées et l’affirmation selon laquelle l’Evangile selon Judas est « l’une des découvertes archéologiques les plus importantes qui aient jamais été faites » est absurde. Il en est fait mention dans les écrits d’Irénée sur les hérésies (rédigés aux alentours de 180 de l’ère commune) comme étant l’œuvre d’un mouvement appelé gnosticisme caïnien, lequel tendait à réhabiliter les personnages bibliques iniques comme Caïn, Esaü, les Sodomites, etc. ainsi que Judas. D’une manière typique des sectes de cet acabit, qui foisonnaient au deuxième siècle de l’Ere chrétienne, les gnostiques caïniens mettaient dans la bouche de Jésus des propos qui correspondaient à leurs propres idées. La différence avec les quatre Evangiles que renferme le Nouveau Testament est flagrante : ces derniers furent rédigés par des témoins oculaires et rapportent les actes et les paroles véritables de Jésus lors de Son ministère terrestre. Dans la prochaine édition de notre périodique, je citerai les raisons de penser que la majeure partie des écrits du Nouveau Testament n’ont pu être écrits qu’avant la destruction du Temple en l’an 70 de l’ère commune. A l’inverse une grande majorité des Evangiles gnostiques ont été écrits entre l’an 150 et l’an 250. Si vous vouliez que quelqu’un écrive votre biographie, préféreriez-vous que cela soit quelqu’un qui vous connaisse et soit contemporain de vous, ou quelqu’un vivant 150 ans après vous, qui ne vous rencontrera jamais et vous mettra en bouche ses propres opinions ?

J’ai déjà écrit au sujet des Evangiles gnostiques dans les articles publiés dans ce magazine sur le « Da Vinci Code » (disponible sur simple demande et renfermant des citations de ces Evangiles). En résumé :

1. La venue de leurs enseignements est prédite dans les écrits du Nouveau Testament, lesquels parlent de faux prophètes et de faux docteurs qui « en séduiront beaucoup » (Matthieu 24:5, 2 Corinthiens 11, 2 Pierre 2, 1 Jean 2:18-23, 4:1-6).

2. Ils nient que Dieu soit le Créateur et l’Etre suprême.

3. Ils nient soit la divinité, soit l’humanité du Seigneur Jésus.

4. Ils présentent une spiritualité alternative dans laquelle la « gnose » ou connaissance amène à la compréhension de Dieu, plutôt qu’à la repentance et à la foi en la mort et en la résurrection de Jésus.

En tant que tels, ces Evangiles sont en harmonie avec la spiritualité « Nouvel-Age » qui se présente aujourd’hui sous une kyrielle de formes différentes. Cela s’applique à l’Evangile selon Judas, ainsi que le démontre la citation de Herb Krosney faite plus haut, laquelle avance que nous possédons tous en nous une « étincelle divine » qui attende d’être « amenée à la lumière ». A l’inverse, les Evangiles nous enseignent que nous avons une nature pécheresse qui gît dans les ténèbres (Matthieu 15:1-20, Jean 3:16-21, Romains 7:13-25). Seule l’entrée de Dieu dans notre vie par le moyen du Saint-Esprit au moment où nous mettons notre foi en Jésus comme Sauveur et Seigneur peut nous en délivrer (Jean 14:16-17, 16:5-15, Apocalypse 3:20). Nous ne découvrons pas Dieu en nous, mais nous l’invitons à entrer dans notre vie par la repentance et la foi en ce que Jésus a fait pour nous à la croix.

Que dit de Judas Iscariot le Nouveau Testament?

Le nom hébreu de Judas est Yéhouda ou Juda. Juda était l’un des fils de Jacob, de la tribu duquel devait descendre la lignée royale de David et du Messie (Genèse 49:10). Les mots Judée, juif et judaïsme et leurs équivalents dans d’autres langues sont dérivés de ce nom. L’origine du nom Iscariot est plus incertaine. Une théorie veut que ce nom signifie « Ish Karioth », un homme de Karioth, une ville de Judée, ce qui distinguerait Judas des autres disciples de Jésus, des Galiléens. Une autre possibilité est qu’il ait été lié aux « Sicarii », les hommes d’épées, un groupe de zélotes combattant l’occupation de la Judée par les Romains.

Le lien entre le nom de Judas et celui du peuple juif est devenu une source d’antisémitisme au cours du Moyen ge. Dans toute l’Europe, il était courant que les garçons se voient donner des noms de disciples de Jésus, sous la forme existant dans leur langue – Pierre, André, Jacques, Jean etc. Aucun garçon chrétien ne se voyait baptiser Judas, tandis que des garçons juifs recevaient le nom de Yéhouda. Du fait que la chrétienté laissait les populations dans une triste ignorance de la vérité, l’on supposait que Pierre, André, Jacques et Jean étaient des chrétiens gentils, tandis que le seul disciple juif de Jésus était Judas le traître. Bien souvent, sur les représentations picturales des disciples, seul Judas était représenté avec des traits manifestement juifs. Dans la réalité, tous les disciples de Jésus étaient juifs et ils étaient connus par leur nom hébreu : Képhas, Yaakov, Yohannan etc. Si nous pouvons retirer de l’histoire de Judas une seule leçon quant à la traîtrise, c’est bien que le traître se trouve parmi ceux qui professent être les disciples de Jésus et par conséquent au sein des églises chrétiennes.

Dans les temps modernes, beaucoup se sont posé la question de savoir pourquoi Jésus avait voulu trahir Jésus. Dans le film de Zeffirelli « Jésus de Nazareth », Judas est présenté comme un zélote qui voulait forcer Jésus à se présenter comme étant le Messie devant le Sanhédrin et à conduire le peuple juif à la révolte contre Rome. Rien de cela n’apparaît dans les Evangiles eux-mêmes. Dans la liste des disciples citée dans Matthieu, Marc et Luc, Judas est présenté comme « Judas Iscariot, celui qui livra Jésus ». Jean 6:71 ajoute que Jésus savait que Judas était du diable et qu’il allait Le trahir.

Selon Jean 12:4-6, Judas était en charge de l’argent des disciples et en gardait une partie pour lui-même. Ce détail mérite d’être noté car les trois choses qui ont le plus de chances de détruire un ministère chrétien sont l’abus d’argent, de sexe ou de pouvoir. En Matthieu 26:14-16, Judas trahit Jésus pour de l’argent, accomplissant ainsi la prophétie de Zacharie (11:12-13). Selon Luc 22:3, Satan est entré en Judas lorsqu’il a trahi Jésus.

Jésus savait ce que Judas allait faire lors du Dernier repas, et ce n’est qu’après son départ qu’Il a partagé le pain et le vin avec Ses disciples. Ce faisant, Il a transformé la signification du repas de Pâque traditionnel en prenant le pain sans levain et le vin et en les appliquant à la rédemption qu’Il était sur le point d’opérer au moyen de Sa mort et de Sa résurrection (Matthieu 26:20-25).

Suite à sa trahison de Jésus par un baiser, Judas s’en est allé et, mû par le remords, s’est suicidé (Matthieu 26:3-10). Il ne s’agissait pas d’un acte de repentance biblique mais la conséquence de son désespoir suite à l’acte qu’il avait commis. Il n’avait pas saisi la signification de la vie et de la mort de Jésus et n’a pas vécu assez longtemps pour voir la résurrection et recevoir le pardon. Il nous faut donc conclure que Judas s’est perdu et a été damné pour l’Eternité.

Une question souvent posée est de savoir pourquoi la trahison de Judas était nécessaire pour l’arrestation de Jésus. Les Evangiles montrent que les chefs des sacrificateurs craignaient les foules qui suivaient Jésus, en particulier à cause de la résurrection de Lazare et de Son entrée triomphale à Jérusalem. Ils redoutaient que le mouvement de ceux qui Le suivaient ne prenne son envol pendant la semaine de la Pâque (Jean 11:47-50), au moment où des foules de pèlerins allaient affluer à Jérusalem. Ils étaient aussi conscients du fait qu’ils ne pouvaient L’arrêter publiquement par peur de causer une émeute (Matthieu 26:5). Judas les a conduits de nuit là ou Jésus était seul avec Ses disciples, où il allait être aisé de L’arrêter sans attirer l’attention des multitudes.

Certains commentateurs modernes disent que le récit des Evangiles est inexact parce que le Sanhédrin n’aurait pas été convoqué pour un procès la veille de la Pâque. En réalité, l’audition de Jésus devant Caïphe n’était pas un procès en bonne et due forme mais une tentative de trouver une raison de L’exécuter. Le Sanhédrin n’était pas investi de l’autorité nécessaire pour prononcer la peine de mort, aussi fallait-il que Jésus soit livré au gouverneur romain pour que cela s’accomplisse. Le Sanhédrin était pressé que tout soit accompli avant que la semaine de la Pâque commence, et la procédure hâtive au cours de la nuit était inhabituelle, mais non illégale, puisqu’il ne s’agissait pas d’un procès formel.

Un autre problème est soulevé par Matthieu 27:9-10 qui attribue la trahison de Jésus à la prophétie de Jérémie et non à celle de Zacharie. La solution de ce problème est apportée par David Baron dans son commentaire (en anglais) sur Zacharie, aux pages 409 à 412. La citation de Matthieu est une référence composite à Zacharie 11:12-13 en même temps qu’à Jérémie 19. Jérémie 19 est une prophétie de la destruction de Jérusalem et du premier Temple par les Babyloniens. Jérémie utilise le symbole du pot brisé pour établir un lien entre le Champ du Potier avec la Vallée de Hinnom, qui allait être connue sous le nom de Vallée du Massacre. En faisant ainsi, il prophétise la destruction prochaine de Jérusalem par les Babyloniens lorsque la Vallée de Hinnom, qui est en bordure des murailles de la ville, allait devenir la vallée du massacre. Zacharie prophétise la destruction du second Temple par les Romains. La Vallée de Hinnom allait de nouveau devenir un « Champ du Sang » (akel dama). Les deux passages en Jérémie et en Zacharie sont liés par un thème commun – la destruction prochaine du Temple et la raison de celle- ci. La raison de la chute du premier Temple et de la captivité en Babylone fut la désobéissance du peuple d’Israël à la Torah et le rejet du message des prophètes. La raison de la destruction du second Temple et la dispersion plus grande encore du peuple d’Israël devait être le rejet du Messie et de Son message par les chefs religieux.

L’acte de trahison de Judas et l’utilisation qu’en fit le Sanhédrin en préparant la crucifixion, préparaient la voie à cet événement qui devait survenir 40 années plus tard, par le jugement de Dieu, après la proclamation du message de l’Evangile par les disciples de Jésus et son rejet par les chefs spirituels résidant à Jérusalem. Lorsque les Romains franchirent les murailles de Jérusalem en 70 de l’ère commune, il y eut un tel carnage qu’il n’y eut plus assez de place pour enterrer les morts dans la Vallée de Hinnom qui devint le Champ du Sang.

Du point de vue de Dieu, la raison de cette calamité était le rejet continuel de Jésus en tant que Messie par les chefs religieux. La trahison de Jésus par Judas en connivence avec les chefs des sacrificateurs en était un signe. Fait important, l’argent donné à Judas était tiré de la réservé destinée à acheter des sacrifices pour le Temple. De fait, il a servi à acheter le sacrifice ultime pour le péché au moyen du sang de Jésus le Messie. A ceux qui acceptaient la signification de ce sacrifice, Juifs comme Gentils, il est devenu la source du pardon et de la vie éternelle. Cette offre s’étendait même à ceux qui avaient été responsables de la mort de Jésus, qui pouvaient être sauvés par la repentance et la foi en Son nom (Actes 3:11-26). A ceux qui la rejetaient, le sacrifice de Jésus devenait la source du jugement et de la damnation. En hébreu, la Vallée de Hinnom est gué hinnom, d’où vient le mot grec « géhenna » qui est le terme employé dans le Nouveau Testament pour faire référence à l’enfer.

Une autre objection à l’Evangile est que Matthieu et Actes semblent en contradiction. En Matthieu 27, Judas jette les trente pièces d’argent dans le lieu saint du Temple et va se pendre. Les chefs des sacrificateurs achètent ensuite le champ du potier comme lieu d’inhumation. En Actes 1:18-19, Judas est dit avoir acheté le champ lui-même et être « tombé, (se rompant) par le milieu du corps…toutes ses entrailles (s’étant) répandues ». Arnold Fruchtenbaum explique cette contradiction apparente dans son livre « Messianic Christology » (Christologie Messianique) aux pages 153-4. Judas s’est suicidé à la fin de la première nuit de la Pâque, avant le premier jour de la fête, au moment où le sacrifice pascal allait être offert. Selon la loi juive, s’il y avait eu un cadavre dans l’enceinte de Jérusalem, la ville aurait été considérée comme souillée et le sacrifice du matin n’aurait pu être offert. Néanmoins si le corps était emporté et jeté dans la Vallée de Hinnom, la ville allait être purifiée et le sacrifice allait pouvoir être offert. Pour qu’il en soit ainsi, le corps de Judas fut jeté par- dessus les murailles de la ville jusque dans la vallée, à la suite de quoi ses entrailles se répandirent. Matthieu a donc raison de dire que Judas s’est pendu et Actes, d’affirmer qu’il s’est éventré lorsque son corps a été jeté par-dessus les murailles dans la vallée qu’elles dominaient.

Qu’allaient faire les chefs des sacrificateurs avec les trente pièces d’argent ? L’argent avait été acquis de façon déshonnête, aussi ne pouvait-il pas être remis dans le trésor du Temple. Cet argent pouvait être soit remis à son propriétaire soit utilisé pour le bien public. Puisque Judas était déjà mort, on ne pouvait le lui remettre ; c’était donc pour le bien public qu’il fallait l’utiliser. C’est pourquoi un champ fut acquis au nom du défunt Judas Iscariot par les chefs des sacrificateurs comme lieu de sépulture. La première personne à y être enterrée fut Judas lui-même. Aussi Matthieu a-t-il raison de dire que les chefs des sacrificateurs achetèrent le champ ; Actes aussi a raison de dire que Judas Iscariot était le propriétaire légal du champ puisque celui-ci a été acheté à son nom à titre posthume.

En conclusion, les Ecritures disent clairement que c’est la nature pécheresse de Judas, qui résidait en lui, qui l’a poussé à rejeter Jésus et à Le trahir. Il accomplissait ainsi la prophétie et son acte faisait partie de la suite d’événements devant mener à la crucifixion au moment de la Pâque. Cela devait se produire pour qu’Il accomplisse les prophéties concernant le Serviteur souffrant, étant l’Agneau pascal ôtant les péchés du monde.

La Bible nous enseigne qu’à la fin de notre ère, aura lieu l’avènement du traître suprême, l’Antéchrist. Il est intéressant de noter qu’en Jean 17:12 Jésus fait référence à Judas comme au fils de la perdition et qu’en 2 Thessaloniciens 2:3 Paul donne le même titre à l’Antéchrist. Le lien entre Judas et l’Antéchrist est que tous deux trahissent le véritable Seigneur Jésus et que tous deux connaissent une fin terrible. La tentative de réhabiliter Judas dans la culture populaire est une distorsion de la réalité, revenant à appeler bon ce qui est mauvais. La renaissance des enseignements gnostiques du deuxième siècle dans le soi-disant Evangile de Judas fait partie de la préparation spirituelle du monde présent à l’acceptation de l’Antéchrist en tant que faux Messie dans les jours précédant le retour sur Terre du vrai Messie Jésus.

Tony Pearce

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